Accompagner la démocratisation des alimentations saines et durables

Révision des repères alimentaires du HCSP pour les femmes enceintes et allaitantes

Contexte et présentation de l’avis par le HCSP

Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) actualise les repères alimentaires du Programme national nutrition santé (PNNS) pour les femmes enceintes et allaitantes. Ces nouveaux repères alimentaires serviront de support à l’élaboration des messages et à la communication destinée au grand public dont est chargé Santé publique France. Cliquez-ici pour consulter l’avis.

Les enjeux nutritionnels sont très similaires à ceux de la population générale adulte et une alimentation équilibrée dès avant la grossesse est importante pour prévenir un certain nombre de pathologies fœtales et maternelles, dont certaines peuvent se développer en début de grossesse, et avant même la connaissance de la grossesse.

Ainsi l’information sur la prise de folates (vitamine B9) – à débuter avant la conception – devrait être diffusée largement. De même, pour l’information sur le rôle tératogène (susceptible de provoquer des malformations chez les enfants exposés in utero) de la consommation d’alcool et de la contamination par certains agents microbiens durant la grossesse. Un équilibre est à trouver entre la délivrance de l’information sur les risques microbiens et toxicologiques et le risque d’augmenter l’anxiété dans une période sensible. Dans tous les cas, il est important que les messages des différentes sources d’information soient fiables et cohérents.

La grossesse est un événement de la vie où la « prise de conscience nutritionnelle » est accrue. Si les repères nutritionnels présentés dans cet avis sont spécifiques aux femmes enceintes et allaitantes, il est nécessaire de rappeler la continuité entre la période pré-conceptionnelle, la grossesse et l’allaitement. Selon l’enquête nationale périnatale de 2016, seules 35,3% des femmes ont eu recours à une consultation en vue de planifier une grossesse.

Alimentations majoritairement végétales et grossesse

Il est précisé que “les recommandations alimentaires du présent avis s’adressent aux femmes enceintes en l’absence de régime alimentaire particulier (régimes pour raisons de santé ou régimes d’exclusion) […]”. Les cas où les futures mères ont une alimentation majoritairement végétale ne sont donc pas traités dans ce nouvel avis du HCSP.

Nous regrettons l’appellation “régimes d’exclusion” pour désigner les alimentations majoritairement végétales. Bien que les alimentations végétariennes et végétaliennes excluent différents aliments consommés dans les alimentations carnées traditionnelles, leur démocratisation et le rôle qu’elles ont à jouer dans la lutte contre les maladies de civilisation et la protection environnementale appellent aujourd’hui à les considérer comme des alimentations pleines et entières.

Il n’est fait mention du calcium qu’une seule fois, pour rappeler la cible de consommation de 2 produits laitiers par jour. Aucun autre aliment riche en calcium (légumineuses, légumes verts, céréales complètes, etc.) n’est évoqué.

L’importance d’apports suffisants en folates (vitamine B9) est rappelée. La supplémentation en folates devrait être débutée en amont de la conception et prolongée 3 mois après la conception (0,4 mg/jour et jusqu’à 5 mg/jour en cas d’antécédent de déficit en vitamines B9 et B12). La consommation d’aliments riches en folates (légumineuses, légumes verts, céréales complètes, etc.) est également conseillée.

Concernant le soja, le HCSP s’appuie sur les recommandations françaises actuelles :

  • Pour la population générale : limiter les apports alimentaires de phyto-œstrogène à 1 mg/kg/j, soit environ une portion de soja ou de produit à base de soja (tofu, tempeh, protéines de soja texturées, etc.) par jour, la taille de la portion considérée étant adaptée à l’âge.
  • Pour les femmes enceintes et allaitantes : “il reste préférable, par mesure de précaution, de s’abstenir de consommer des produits contenant des phyto-œstrogènes et donc d’ éviter les aliments à base de soja en raison de leur richesse en phyto-œstrogènes et les compléments alimentaires contenant des phyto-œstrogènes”.

Il est nécessaire de rappeler que la France est l’unique pays du monde à conserver de telles recommandations et, qu’au niveau international, les avis sont en faveur de l’innocuité du soja, voire indiquent des bénéfices pour la santé à sa consommation. Le HCSP précise justement dans cet avis que “Le seuil limite de sécurité des phyto-estrogènes ayant été défini sur la base de données anciennes, le HCSP recommande la mise à jour par l’Anses du rapport de l’AFSSA […] portant sur les risques associés à ces substances, en particulier pour les femmes enceintes et allaitantes”.

Pour aller plus loin

Les professionnels de santé au contact de femmes enceinte ou avec un projet de grossesse doivent être en mesure de les renseigner sur les repères alimentaires, les aliments conseillés ou déconseillés en cours de grossesse et sur les règles d’hygiène à suivre.

En cas de patiente avec une alimentation majoritairement végétale, dans l’attente d’une future révision des repères alimentaires du HCSP pour les femmes enceintes et allaitantes végétariennes et végétaliennes, nous leurs conseillons de consulter la page Femme enceinte, allaitante ou avec un projet de grossesse de Végéclic.

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