Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) est une instance française chargée d’apporter une aide à la décision au ministre de la Santé en réalisant des rapports sur la santé et en formulant des recommandations. Dans le cadre de la mise à jour des repères nutritionnels pour la population française, le HCSP a publié le 21 juin 2022 son “Avis relatif à la couverture des besoins de la population générale en vitamine D et en fer“. Nous faisons ici le point sur les apports en vitamine D, les groupes de population à risque de carence et les recommandations pour la population générale et les personnes ayant adopté une alimentation flexitarienne, végétarienne ou végane.
La vitamine D
La vitamine D est un nutriment essentiel à la santé humaine qui intervient, entre autres, dans le maintien de l’homéostasie du calcium et du phosphore et à la minéralisation des tissus minéralisés (os, cartilage et dents) pendant et après la croissance.
Dans la population générale [1], elle est en moyenne apportée :
- à 80-90 % par la biosynthèse cutanée sous l’effet des rayonnements ultraviolets (UV-B) du soleil ;
- à 10-20 % par l’alimentation.
Apports par l’exposition solaire
L’exposition aux UV-B est très importante pour couvrir les besoins en vitamine D. Dans son avis de 2011, l’Institut national du cancer (INCa) rapportait que “pour un individu à peau claire, une exposition au soleil de midi de 5-10 min, 2 à 3 fois par semaine, des avant-bras et visage, est suffisante pour produire lors d’une journée ensoleillée la vitamine D nécessaire à l’organisme. Pour les personnes à peau foncée ou par temps nuageux, 30 minutes sont nécessaires”.
La balance bénéfice-risque de cette exposition nécessite d’être appréciée de façon personnalisée. En effet, la formulation de recommandations sur les modalités de cette exposition solaire suffisante est complexe car elles varient selon les types cutanés, la latitude du lieu d’habitation, la saison et l’heure d’exposition solaire.
Apports alimentaires
Les sources principales de vitamine D dans l’alimentation sont essentiellement les poissons gras (en particulier marins et sauvages), l’huiles de foie de poisson (morue notamment), les œufs, les fromages et les produits laitiers (en particulier s’ils sont enrichis) et certains champignons.
Des valeurs d’apports alimentaires conseillés ont été définies en France sur l’hypothèse d’une couverture de 50-70 % des besoins par synthèse endogène via l’exposition au soleil. Compte tenu des habitudes alimentaires et des recommandations de limiter la consommation de poisson, il semble difficile d’obtenir un apport à hauteur de ces valeurs par l’alimentation seule.
La dernière actualisation des repères du PNNS par l’ANSES fait l’hypothèse d’une absence d’exposition solaire en raison de la difficulté d’estimer la synthèse endogène de la population, très variable selon les individus. Cette hypothèse amène l’agence à conclure, également compte tenu des recommandations de limiter la consommation de poisson, que “la couverture du besoin nutritionnel en vitamine D n’est pas atteignable” par l’alimentation seule.
Apports par biosynthèse cutanée | Apports par l’alimentation | |
---|---|---|
Valeurs réelles observées | 80-90 % | 10-20 % |
Hypothèses retenues pour l’élaboration des références nutritionnelles actuelles | 50-70 % | 50-30 % |
ANSES, Actualisation des repères du PNNS, 2016 | 0 % | 100 % |
Groupes de population à risque de carence
La proportion de la population générale en carence était de 4,4 % en 2006 et 6,5 % en 2015. Les groupes de population à risque de carence en vitamine D sont :
- les personnes en situation de précarité ;
- les personnes obèses ;
- les personnes ne s’exposant pas au soleil : personnes vivant en institution ou portant des vêtements très couvrants ;
- les personnes à peau très pigmentée vivant sous des latitudes élevées ;
- les personnes atteintes de pathologies risquant d’être aggravées par une insuffisance en vitamine D (patients ostéoporotiques ou à fort risque ostéoporotique) ou entrainant des besoins accrus en vitamine D (pathologies endocriniennes, défauts d’absorption, insuffisance rénale, etc.).
Considérant la faible part de vitamine D apportée par les produits animaux via l’alimentation, les personnes végétalisant leur alimentation et adoptant une alimentation flexitarienne, végétarienne ou végane ne sont pas considérées comme étant plus à risque de carence que la population générale.
Recommandations du HCSP
Afin de favoriser un statut adéquat en vitamine D pour la population générale, les recommandations principales consistent à :
- assurer une exposition solaire modérée mais suffisante et compatible avec les messages de prévention des cancers cutanés. La balance bénéfice-risque de cette exposition doit être appréciée en tenant compte de l’effet défavorable d’une absence totale d’exposition solaire, en appréciant les facteurs environnementaux et individuels qui influencent la synthèse cutanée de la vitamine D et les risques potentiels de l’exposition solaire ;
- consommer des aliments riches en vitamine D en cohérence avec les recommandations nutritionnelles : essentiellement les poissons gras à hauteur toutefois d’une portion par semaine, les œufs, les fromages et les produits laitiers (2 par jour) [2] ;
- éviter l’auto-prescription de compléments alimentaires riches en vitamine D, le risque potentiel de consommation de fortes doses de compléments alimentaires à base de vitamine D étant encore inconnu à l’heure actuelle et l’intérêt d’un traitement ou d’une supplémentation en vitamine D n’étant pas établi.
Pour les personnes ayant adopté une alimentation flexitarienne, végétarienne ou végane, les source alimentaires de vitamine D sont rares (champignons et algues). Les apports en vitamine D reposent donc de manière encore plus marquée sur l’exposition solaire et, dans une moindre mesure, sur certains compléments alimentaires en vitamine B12 qui contiennent également de la vitamine D (VEG1 et Essentiels Vegan) dans des quantités qui ne font pas risquer d’excès.
Notes et références
↵1 | La population généale désigne les personnes apparemment en bonne santé et dont la majorité présente une concentration de 25OHD de 20 ng/mL (soit 50 nmol/L) considérée comme suffisante dans cette population. |
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↵2 | L’enrichissement en vitamine D des aliments peut-être volontaire (elle est autorisé dans le lait et les produits laitiers depuis 2001), mais les expériences dans d’autres pays ne sont pas concluantes et ne permettent pas d’encourager des propositions dans ce sens pour la France. |