Ce mardi 20 février 2024, le Réseau Action Climat (RAC) et la Société Française de Nutrition (SFN) publient un rapport en faveur d’une prise en compte dans les prochaines recommandations alimentaires de l’urgence environnementale dans laquelle nous sommes.
Une urgence : se doter de politiques publiques saines et durables
En effet, force est de constater que ce n’est pas le cas actuellement. Pourtant l’alimentation représente 22% des émissions carbone du pays. Tous les scénarios qui ont été faits pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre aboutissent à la même conclusion : il faut diminuer la consommation de viande avec un objectif d’une diminution d’au moins 50%. Sans cela, la France ne peut pas tenir ses objectifs. Il semble y avoir une prise de conscience de la part des consommateurs et des consommatrices. Malheureusement, les bonnes intentions ne sont pas suivies de bonnes pratiques puisque la consommation de viande en France ne diminue pas. Pour satisfaire la consommation, la France importe 30 % de sa viande. Il est important de considérer que c’est l’organisation entière de notre système alimentaire qui est à repenser. Consommer moins de viande devrait être plus facile.
Rôle majeur du PNNS
C’est aussi le rôle des recommandations officielles en termes de nutrition que d’être clair sur les objectifs de consommation. Le Programme national nutrition santé (PNNS) existe depuis 2001. Il évolue régulièrement mais avec des objectifs qui se répètent : diminuer la consommation de viande et augmenter la consommation de légumineuses en fait partie. Ces recommandations sont ensuite relayées par les messages de santé publique. Il apparaît donc essentiel que leur contenu soit en adéquation également avec les objectifs de durabilité.
La France en retard sur le sujet
En 2023, on compte 25 pays qui ont intégré les enjeux de durabilité dans leurs recommandations nutritionnelles. On note ainsi dans des pays voisins à la France, des recommandations qui limitent beaucoup plus la consommation de viande et qui promeuvent davantage une végétalisation de l’alimentation. Les recommandations françaises sont très loin des objectifs.
Modélisation d’une alimentation comprenant 2 fois moins de viande
Fort de ces constatations le RAC et la SFN ont effectué des modélisations à partir du modèle alimentaire français pour aboutir à des propositions pour le prochain PNNS si il intégrait les enjeux environnementaux. Celle-ci indique qu’on peut couvrir tous les besoins nutritionnels, sans recourir à la supplémentation, en diminuant la consommation de viande par 2. Ceci est en accord avec les différentes études sur le sujet. L’OMS rappelle que “Les régimes alimentaires sains et durables comprennent des céréales complètes, des légumineuses, des fruits à coque et une abondance et une variété de fruits et de légumes, et peuvent inclure des quantités modérées d’œufs, de produits laitiers, de volaille et de poisson, et de petites quantités de viande rouge ». Ces modélisations font d’ailleurs mieux en termes de qualité nutritionnelle que l’actuel PNNS.
Recommandations du RAC et de la SFN
Pour rendre efficientes ces recommandations, il semble également important d’intégrer la durabilité dans le prochain PNNS. Il est également important d’augmenter les moyens et la diffusion de ces messages de santé publique. D’autres mesures sont également nécessaire comme prendre en compte les inégalités sociales, interdire la publicité et le marketing des produits néfastes pour la santé et l’environnement, rendre plus accessible financièrement les produits de qualité, faire évoluer dans ce sens les formations des professionnel-les de santé et mette en oeuvre des campagnes pour changer le regard des français-es sur la viande et sur les légumineuses.