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Position de l’ONAV relative à la consommation alimentaire de soja et à son action sur la santé humaine

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ONAV, Position relative à la consommation alimentaire de soja et à son action sur la santé humaine, 2021.

ONAV, Position relative à la consommation alimentaire de soja et à son action sur la santé humaine, 2021. Version résumée.

Contexte et objet

Si le soja est consommé depuis des millénaires en Asie, sa démocratisation est plus récente dans l’alimentation occidentale. Le soja a, entre autres particularités, celle de contenir la proportion d’isoflavones la plus forte parmi les végétaux habituellement consommés.

Les similitudes entre les isoflavones et l’estradiol soulèvent quelques inquiétudes. Les premiers cas de toxicité liée aux phytoestrogènes ont été mentionnés dans la littérature dès les années 40. Il a été constaté des phénomènes de stérilité et d’anomalies de l’appareil reproducteur dans des troupeaux de moutons situés dans des prairies riches en trèfles (isoflavone, lignane) et en luzerne (coumestane). Des hypersécretions vaginales, une congestion de la muqueuse utérine et une sécrétion lactée ont été constatées chez les femelles non fécondées. Chez les mâles castrés, ont été retrouvées des anomalies de la prostate et des anomalies de l’appareil reproducteur chez les jeunes exposés in utero. De nombreuses études ont rapporté des effets des phytoestrogènes sur la fertilité des herbivores, dont des anovulations et des altérations de la concentration en spermatozoïdes. Des problèmes de fertilité et d’hépatotoxicité liés à l’ingestion d’isoflavones ont ensuite été décrits chez des guépards en captivité dont l’apport protéique était assuré par du soja. Des études expérimentales chez les rongeurs ont permis de confirmer et de corréler ces effets sur la fertilité à des effets estrogéniques dont les données, reprises dans de nombreuses revues, ont conduit à identifier de nouvelles molécules et leurs métabolites actifs sur la base de tests in vitro et in vivo. Étant donné sa richesse en isoflavones, le soja est idéal pour permettre de comprendre leurs mécanismes d’action et explorer leurs potentiels effets.

La disponibilité de produits alimentaires à base de soja ne cesse d’augmenter. Existe-t-il un risque pour l’humain ? D’autres études semblent prêter des vertus au soja, qu’en est-il ? Peut-on extrapoler les données issues des animaux aux humains ? Quelles sont les recommandations françaises ? De quelles données disposons-nous quant à l’action du soja sur la santé humaine ? Cette position entend apporter des réponses à ces questions dans le cadre de la consommation alimentaire de soja, le cas de la consommation de compléments qui en contiennent n’est pas étudié ici. Il n’apparaît pas pertinent de comparer un apport alimentaire en isoflavones, contenu dans une matrice, avec une prise de complément dont les concentrations en isoflavones sont souvent très supérieures.

Résumé

Les différentes études menées chez les êtres humains ne rapportent pas de risque à la consommation de soja quel que soit le contexte (santé, cancer du sein, fertilité, etc.). Certains individus semblent même tirer un bénéfice de cette consommation. Les différents effets du soja ne semblent pas relever de la définition de phytoestrogènes mais plutôt de celle d’un modulateur de l’effet estrogénique : phyto-SERM.

L’innocuité de la consommation de soja à tous les stades de la vie constatée par une consommation ancienne est confirmée par les études, tant observationnelles qu’interventionnelles.

Les effets positifs d’une consommation de soja semblent plutôt porter sur les cancers hormono-dépendants. Les effets positifs au niveau cardio-vasculaire peuvent s’expliquer à la fois par la nature antioxydante des isoflavones et par le remplacement de la viande par le soja. Comme souvent dans les études nutritionnelles, il est difficile d’établir un lien de causalité sur un seul aliment.

Synthèse

  • Le soja est un aliment consommé depuis des millénaires en Asie et depuis des siècles en Occident. En France, ce sont les végétarien·nes et les végétalien·nes qui en consomment le plus, c’est-à-dire autant que les populations asiatiques.
  • Le soja n’est pas un substitut à la viande. C’est un aliment à part entière avec un profil nutritionnel unique.
  • Le soja peut être consommé sous différentes formes, fermentées ou non. C’est un aliment riche en protéines, vitamines et minéraux.
  • C’est l’aliment qui apporte le plus d’isoflavones chez l’humain.e. Celles-ci ont fait l’objet d’une attention particulière à cause de leur ressemblance structurelle avec une hormone dite féminisante : l’estradiol.
  • La teneur en isoflavones du soja est très variable en fonction du lieu et du mode de culture, de la préparation et des transformations engendrées par la digestion. Cela rend difficile la prévision de l’effet de la consommation de soja sur l’organisme.
  • En France, sur des données principalement in vitro et d’expériences sur des animaux non-humain.es, il est établi une valeur à ne pas dépasser de 1 mg/kg de poids corporels (pc) d’isoflavones par jour. De la même manière l’Anses déconseille le soja avant 3 ans.
  • Les études chez les animaux non-humains ne sont pas pertinentes pour évaluer l’action des isoflavones du soja chez les humain.es.
  • Au niveau international, les avis sont en faveur de l’innocuité du soja et indiquent plutôt des bénéfices pour la santé liés à sa consommation.
  • 1 mg/kg de pc/jour correspond à au moins une portion de soja par jour (la taille de la portion considérée étant adaptée à l’âge).
  • Il n’y pas de données pour des consommations supérieures à 4 portions de soja par jour. Cependant, cela irait à l’encontre d’une alimentation diversifiée.
  • Les études chez les humain·es soutiennent l’innocuité du soja. Certaines études indiquent plutôt des bénéfices. Ils sont variables en fonction des individus (producteurs d’équol ou non) et de l’âge d’introduction du soja dans l’alimentation.
    • La consommation de soja ne présente pas de risque quand il est consommé par les nourrissons dans les préparations infantiles, dans l’enfance ou dans l’adolescence. Les nombreux paramètres étudiés comprennent notamment le développement psychomoteur et morphologique, dont celui des organes génitaux. Il pourrait y avoir un bénéfice à une consommation précoce de soja.
    • La consommation de soja ne présente pas d’effet indésirable quand il est consommé par les femmes enceintes et allaitantes. Il y aurait peut-être un effet bénéfique sur le risque d’avoir un enfant avec un hypospadias.
    • La consommation de soja ne présente pas d’effet indésirable quand il est consommé à l’âge adulte. Sa consommation est plutôt en faveur d’une diminution du nombre de cancers du sein et des récidives. Il n’a pas d’impact sur les concentrations hormonales des hommes et des femmes.
    • La consommation régulière de soja peut atténuer les effets vasomoteurs de la ménopause.
    • La consommation de soja ne nuit pas à la thyroïde. Il est surtout important d’avoir des apports en iode satisfaisants.
    • La consommation de soja pourrait diminuer les risques cardio-vasculaires.
    • Le soja ne semble pas protecteur vis-à-vis du cancer colo-rectal.
  • Au niveau environnemental :
    • La culture du soja nécessite peu voire pas d’apport en azote et elle est peu consommatrice d’eau.
    • Le plus important producteur de soja est le Brésil.
    • La déforestation amazonienne est principalement due à la mise en place de pâturage. Dans un second temps, ces espaces seront occupés par le soja à destination de l’élevage (le tourteau est riche en protéines de qualité) et à la production d’huile alimentaire ou utilisée pour les biocarburants.
    • La consommation humaine de soja de manière directe (tofu, tempeh, lait, etc.) est anecdotique à l’échelle mondiale. La consommation française de ces produits est principalement issue de la production nationale.
    • La consommation française de viande rend le pays dépendant aux importations de soja brésilien.
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